Leur champion ne viendra pas. Qu’importe, même absent, le ministre est de toutes les conversations. « La personnalité d’Emmanuel Macron est atypique, elle casse les codes, explique Pierre Person, co-fondateur du fan club du ministre. C’est pour cette raison qu’on attire beaucoup plus de gens issus de la société civile que des pros de la politique. »
L’assistance a écouté religieusement le député PS Pascal Terrasse et l’économiste Jean-Marc Daniel discourir sur l’avenir de la France. Pas de drapeaux, ni de slogan. Juste une curiosité teintée de timidité chez ces jeunes supporters n’ayant, pour la plupart, jamais passé la porte d’un parti politique : « 60 % des gens ici n’ont jamais adhéré où que ce soit. Ils ne se sentent pas représentés par l’offre politique actuelle », justifie Pierre Person.
Sur les entrepreneurs, les 35 heures ou les fonctionnaires, les sorties fracassantes du ministre de l’Economie crispent chaque jour un peu plus les dirigeants de la rue de Solférino. Elles séduisent tout autant cette jeune frange de l’électorat, réfractaire aux logiques de parti. « Emmanuel Macron est intéressant parce qu’il a l’avantage de faire partie du système tout en sachant s’en détacher pour rester indépendant et novateur », témoigne Victoire, étudiante de 23 ans. « S’il était encarté dans un parti il n’aurait pas cette liberté d’agir, continue Laura, 25 ans, étudiante en école de commerce. On le voit clairement avec son action au gouvernement, il n’a pas peur de dire ce qu’il pense. »
Pour ces jeunes “apartides”, il y a quelque chose de rassurant dans le parcours de leur champion, qui n’a pas renouvelé sa carte du PS depuis 2009. La preuve qu’en politique, les partis n’ont pas seuls la main : « Je ne me suis jamais engagé dans un parti parce que je préfère les idées aux réflexes de clan, claironne Florian, ingénieur financier de 24 ans. On a pas besoin d’avoir une carte pour faire avancer les choses, Macron en est la preuve. »
Bien que passé par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) ou l’Unef, les quatre fondateurs du collectif partagent ce même scepticisme vis-à-vis du parti de leurs aînés : « Si nous avons créé les Jeunes avec Macron et la Gauche libre hors du cadre partisan, c’est pour dire qu’on en a assez, gronde Pierre Person. Les partis politiques ne servent plus l’intérêt général comme ils ont pu le faire par le passé. Toute l’action qu’on est en train de mener a pour but de rapprocher la politique du citoyen. »
Une démarche qu’Emmanuel Macron a tenu à saluer personnellement, en invitant les quatre compères lundi dernier dans ses bureaux de Bercy : « Il nous a dit : “Amusez-vous !” Il a beaucoup insisté pour que l’on reste hors des partis, des structures traditionnelles, et surtout d’aller à la rencontre des jeunes et de la société civile », rapporte à l’Opinion Pierre Texier.
Le collectif, qui revendique 3 500 membres, veut désormais s’implanter en région, rejet des partis traditionnels en bandoulière. « Ce que l’on souhaite, c’est que les idées d’Emmanuel Macron perdurent dans le débat public, assure Pierre Person. On sera très déçus si le candidat de gauche ne les porte pas en 2017. » Quitte à ce que ce soit par l’homme de parti par excellence : François Hollande.